lundi 5 février 2018

Les rémunérations et les méthodes d’évaluation. Ne soyons pas naïfs…

Les salariés de l’Ensemble petits frères des Pauvres sont invités par l’employeur à participer à des entretiens avec un cabinet extérieur aux pfP. L’employeur a pris cette initiative seul. Pour information, les organisations syndicales n’ont validé ni la méthode, ni le calendrier, ni le prestataire sollicité. Il n’y a pas de neutralité de l’employeur dans cette démarche, ni dans le choix du prestataire. Ne soyons pas naïfs…  L’employeur est tout à fait dans son droit quand il sonde les salariés dans ce domaine des rémunérations. Ceci dit, il part avec des objectifs et des présupposés plus ou moins précis.


La CFTC réclame depuis 7 ans une refonte de la grille de classification et des méthodes d’évaluation. Elle a aussi pointé des iniquités de rémunérations selon les métiers. La CFTC ne peut que se réjouir du lancement de ce processus mais regrette que l’employeur n’ait pas pris le temps d’un échange sur le sujet avec les partenaires sociaux.

Ainsi, l’employeur affirme souvent dans des réunions de négociations que les salariés sont « trop bien payés » par rapport au marché et que certains salariés restent dans l’Ensemble pour des « mauvaises raisons ». Il faut ainsi comprendre que la « mobilité externe » est rendue plus difficile quand on est mieux payés chez les pfP qu’ailleurs. Certains salariés resteraient pour le salaire et moins pour le travail lui-même…Ces messages laissent entendre qu’il ne faudrait plus que des salariés fassent carrière chez les petits frères des Pauvres ou que ceux qui le font seront poussés à aller voir ailleurs un moment ou à un autre.

Nous disons aujourd’hui à l’employeur : si des salariés peuvent s’ennuyer ou s’assoupir sur leurs missions, c’est surement bien plus un problème de management, d’accompagnement, de formation ou du manque d’évolutions possibles que de salaires trop élevés. Ces présupposés ne nous semblent pas toujours respectueux des personnes et in fine en contradiction avec les valeurs de l’association. Est-ce en poussant les séniors dehors que l’on combat le chômage des séniors et les petites pensions de retraite ? 

Vers quoi veut nous amener l’employeur ?  L’individualisation des salaires grâce à la mise en place de critères d’efficience (pour ne pas dire compétitivité) ? Ces questions, nous les posons aujourd’hui publiquement car l’employeur ne dit pas clairement vers quoi il veut aller.

Pour autant, nous le disons, la CFTC ne souhaite pas le statu quo et le maintien de cette grille de classification et cette méthode d’évaluation à point si inefficace et infantilisante.
Aujourd’hui, la grille des salaires ne récompense pas les efforts de salariés (qui s’investissent particulièrement intensément à tel moment ou sur tel projet), ni le périmètre réel d’exercice de la fonction. Vous êtes nombreux à nous avoir dit être déçus que vos efforts n’aient parfois même pas été gratifiés d’un simple merci. La CFTC a toujours dit que l’employeur devait trouver les moyens de gratifier l’investissement des salariés, leur montée en compétence, le travail supplémentaire réalisé pour compenser l’absence d’un collègue non remplacé et les prises de responsabilités.

Par ailleurs, l’éventail des salaires est trop « écrasé » et ne donne pas toujours de visibilité à la rémunération des compétences et des responsabilités. Par exemple, être mieux payé que son hiérarchique ne donne pas toujours envie de progresser. 
Nous pensons qu’il est démagogique de « dénoncer » les « hauts » salaires (qui avouons-le ne le sont pas tant que cela) . Si ces derniers sont trop bas, ils écrasent la grille de salaires « en dessous » d’eux. Un écart de 1 à 5 ou 1 à 6 entre les plus hauts et les plus bas salaries ne nous semblent pas injustes ou absurde. Mais aujourd’hui, ils ne sont que de 1 à 4.

La CFTC sera donc attentive aux idéologies de l’efficience et des logiques comptables, et proposera des modes d’évaluation et de rémunération qui nous fassent sortir d’une grille rigide et démotivante. Nous vous invitons tous à privilégier des démarches collectives, à saisir les enjeux généraux. C’est le rôle des organisations syndicales quand elles travaillent bien pour le bien commun. Rejoignez-les pour travailler ces questions avec elles.




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