Opinions : L’ACCOMPAGNEMENT AU
REGARD DU PROJET ASSOCIATIF
Nous avons souhaité exposer quelques
réflexions que nous inspirent ce que nous entendons, écoutons, observons ici et
là, au fil des rencontres avec les uns et les autres.
L’accompagnement
des personnes âgées de plus de 50 ans est ce qui nous lie, la qualité de cette
action nous relie au sein de cette belle association des petits frères des
Pauvres. L’accompagnement : partager le pain de l’autre, marcher à ses
côtés, lui tendre une main parfois, l’écouter souvent et toujours croire en ses
potentiels enfouis… La charte nous guide.
Le premier projet associatif nous a invités à, ensemble, aller vers les
plus pauvres.
La pauvreté croît, les personnes de plus de 50 ans sont touchées, de plus en plus fragiles dans un monde de « crises » et d’urgence.
La pauvreté croît, les personnes de plus de 50 ans sont touchées, de plus en plus fragiles dans un monde de « crises » et d’urgence.
L’œuvre des petits frères a toujours su s’adapter à ce monde qui bouge sans perdre sa valeur unique et irremplaçable : des fleurs avant le pain ! L’association rassemble des personnes de conviction, qu’elles soient salariées, bénévoles, partenaires ou donateurs : pouvoir ensemble faire évoluer la société vers plus d’humanité.
C’est
avec ces atouts et cette croyance que nous avons voté le second projet
associatif « ensemble cultiver la fraternité ». Cultiver la
fraternité est au cœur de notre projet. Et pourtant ce sont les mots développement et réorganisation qui sont entrain de primer. Nous entendons les
inquiétudes de perdre la fraternité qu’exige l’accompagnement des plus pauvres
pour être là où les autres ne sont pas.
La
misère augmente et avec elle, les situations sont de plus en plus complexes.
Pour faire face à ces complexités, il est important de savoir prendre du recul,
laisser la place à chaque acteur, la juste place, prendre et tenir la sienne…
tout un art : des joies mais aussi de la culpabilité, des tristesses, des
colères… Un chemin vers l’autre et finalement un chemin vers soi.
C’est
pour cela que l’agir collectif est
important : pour se soutenir les uns les autres dans ces aventures
humaines que sont les accompagnements. D’où
les questions d’organisation. Nous pensons que cette réorganisation a du
sens pour faire face à la crise actuelle
qui se profile croissante. Mais cette réorganisation qui veut s’appuyer sur de
nouveaux modes de communication avec le Kiosque ne nous semble possible qu’avec
réalisme : c’est tenir compte du temps nécessaire à des individus
pour s’approprier les nouveaux outils,
les nouveaux cadres comme les repères
d’action des équipes territoriales et spécifiques pour les vivre puis les
transmettre mais aussi les référentiels de bonnes pratiques, les différentes
formations, les autres modes de soutien sans parler de la posture des bénévoles
et des salariés qui change.
Cette réorganisation alliée à une politique de
développement qui s’annonce rapide avec des demandes de subvention
importantes et sans réponse aux manques
de moyens actuels pour faire face à l’existant nous parait revêtir plusieurs
risques :
- des risques psycho-sociaux liés
à une surcharge de travail, un manque de soutien pour se positionner
différemment, de la non reconnaissance des avancées accomplies notamment dans
l’implication de chacun dans ce changement… Ses risques malheureusement se
vivent dans beaucoup de lieux : démotivation, désinvestissement, fatigue,
stress, maladies, état dépressif… des personnes souffrent réellement- une
difficulté à transmettre notre expertise en gérontologie et en « agir
collectif » à des groupes naissants s’ils sont trop nombreux à la fois –
tout cela prend du temps pour les acquérir et du temps pour savoir
transmettre et apporter des soutiens efficaces - certaines pratiques
s’étiolent avec le turn over des salariés ou bénévoles dans certaines
équipes : pérenniser notre expertise demande du temps - des
accompagnements qui n’en soient plus mais simplement de la mise en lien, en
relation – le projet Voisin’âge interroge…
- Et
les personnes les plus pauvres, celles
qui vivent avec des fragilités multiples dans tout ce mouvement…. Quel temps,
quelle attention pour elles ?
Nous
sentons que les salariés et les bénévoles engagés dans l’agir collectif ont besoin d’être accompagnés sur le plan
pédagogique, de se sentir soutenus par l’association dans leurs missions
professionnelles et dans leurs actions bénévoles. Les bénévoles aussi
fatiguent : les bénévoles engagés dans cet agir collectif ne sont pas toujours assez nombreux. Ils ont besoin
de se sentir reconnus, écoutés, valorisés, relayés. L’association a les moyens
de déployer des ressources supplémentaires, pourquoi ne pas le faire pour
garantir une action de qualité auprès des personnes et un accompagnement
pertinent des bénévoles pour la pérennité de l’action et de notre notoriété.
Nous
pensons qu’il est urgent que nos dirigeants aient une écoute attentive de ces
besoins de terrain tant du côté des personnes accompagnées ou de celui des bénévoles afin que notre association ne
perde pas son sens de la fraternité dans un développement effréné. Certes le
développement dont il s’agit est un maillage du territoire (France et
international) par des groupes pfP,
parce que les besoins sont là, criants. Mais nous ne sommes pas des sauveurs.
La question de l’urgence existe mais elle ne nous oblige pas à foncer, à
développer à toute vitesse, tout en se réorganisant et en prenant des risques
importants pour les hommes et les femmes qui œuvrent et pour l’avenir de
l’association elle-même.
Les
petits frères seraient-ils passés d’une humilité discrète, trop discrète à une
attitude effrontée de sauveuse ?
Très bonne analyse!
RépondreSupprimermerci
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