mardi 23 octobre 2012

Opinion : accompagnement et projet associatif


Opinions : L’ACCOMPAGNEMENT AU REGARD DU PROJET ASSOCIATIF

Nous avons souhaité exposer quelques réflexions que nous inspirent ce que nous entendons, écoutons, observons ici et là, au fil des rencontres avec les uns et les autres.

L’accompagnement des personnes âgées de plus de 50 ans est ce qui nous lie, la qualité de cette action nous relie au sein de cette belle association des petits frères des Pauvres. L’accompagnement : partager le pain de l’autre, marcher à ses côtés, lui tendre une main parfois, l’écouter souvent et toujours croire en ses potentiels enfouis… La charte nous guide.
Le  premier projet associatif  nous a invités à, ensemble, aller vers les plus pauvres.
La pauvreté croît, les personnes de plus de 50 ans sont touchées, de plus en plus fragiles dans un monde de « crises » et d’urgence.

L’œuvre des petits frères a toujours su s’adapter à ce monde qui bouge sans perdre sa valeur unique et irremplaçable : des fleurs avant le pain ! L’association rassemble des personnes de conviction, qu’elles soient salariées, bénévoles, partenaires ou donateurs : pouvoir ensemble faire évoluer la société vers plus d’humanité.

C’est avec ces atouts et cette croyance que nous avons voté le second projet associatif « ensemble cultiver la fraternité ». Cultiver la fraternité est au cœur de notre projet. Et pourtant ce sont les mots développement et réorganisation qui sont entrain de primer. Nous entendons les inquiétudes de perdre la fraternité qu’exige l’accompagnement des plus pauvres pour être là où les autres ne sont pas.

La misère augmente et avec elle, les situations sont de plus en plus complexes. Pour faire face à ces complexités, il est important de savoir prendre du recul, laisser la place à chaque acteur, la juste place, prendre et tenir la sienne… tout un art : des joies mais aussi de la culpabilité, des tristesses, des colères… Un chemin vers l’autre et finalement un chemin vers soi.

C’est pour cela que l’agir collectif est important : pour se soutenir les uns les autres dans ces aventures humaines que sont les accompagnements. D’où  les questions d’organisation. Nous pensons que cette réorganisation a du sens pour faire face à la crise  actuelle qui se profile croissante. Mais cette réorganisation qui veut s’appuyer sur de nouveaux modes de communication avec le Kiosque ne nous semble possible qu’avec réalisme : c’est tenir compte du temps nécessaire à des individus pour  s’approprier les nouveaux outils, les nouveaux cadres comme  les repères d’action des équipes territoriales et spécifiques pour les vivre puis les transmettre mais aussi les référentiels de bonnes pratiques, les différentes formations, les autres modes de soutien sans parler de la posture des bénévoles et des salariés qui change.

Cette  réorganisation alliée à une politique de développement qui s’annonce rapide avec des demandes de subvention importantes  et sans réponse aux manques de moyens actuels pour faire face à l’existant nous parait revêtir plusieurs risques :
- des risques psycho-sociaux liés à une surcharge de travail, un manque de soutien pour se positionner différemment, de la non reconnaissance des avancées accomplies notamment dans l’implication de chacun dans ce changement… Ses risques malheureusement se vivent dans beaucoup de lieux : démotivation, désinvestissement, fatigue, stress, maladies, état dépressif… des personnes souffrent réellement- une difficulté à transmettre notre expertise en gérontologie et en « agir collectif » à des groupes naissants s’ils sont trop nombreux à la fois – tout cela prend du temps pour les acquérir et du temps pour savoir transmettre  et apporter des soutiens efficaces - certaines pratiques s’étiolent avec le turn over des salariés ou bénévoles dans certaines équipes : pérenniser notre expertise demande du temps - des accompagnements qui n’en soient plus mais simplement de la mise en lien, en relation – le projet Voisin’âge interroge…
- Et les personnes les plus pauvres,  celles qui vivent avec des fragilités multiples dans tout ce mouvement…. Quel temps, quelle attention pour elles ?

Nous sentons que les salariés et les bénévoles engagés dans l’agir collectif ont besoin d’être accompagnés sur le plan pédagogique, de se sentir soutenus par l’association dans leurs missions professionnelles et dans leurs actions bénévoles. Les bénévoles aussi fatiguent : les bénévoles engagés dans cet agir collectif ne sont pas toujours assez nombreux. Ils ont besoin de se sentir reconnus, écoutés, valorisés, relayés. L’association a les moyens de déployer des ressources supplémentaires, pourquoi ne pas le faire pour garantir une action de qualité auprès des personnes et un accompagnement pertinent des bénévoles pour la pérennité de l’action et de notre notoriété.

Nous pensons qu’il est urgent que nos dirigeants aient une écoute attentive de ces besoins de terrain tant du côté des personnes accompagnées ou de celui  des bénévoles afin que notre association ne perde pas son sens de la fraternité dans un développement effréné. Certes le développement dont il s’agit est un maillage du territoire (France et international)  par des groupes pfP, parce que les besoins sont là, criants. Mais nous ne sommes pas des sauveurs. La question de l’urgence existe mais elle ne nous oblige pas à foncer, à développer à toute vitesse, tout en se réorganisant et en prenant des risques importants pour les hommes et les femmes qui œuvrent et pour l’avenir de l’association elle-même.
Les petits frères seraient-ils passés d’une humilité discrète, trop discrète à une attitude effrontée de sauveuse ?
                                       














2 commentaires:

A vous la parole